
J’ai fait une classe préparatoire, puis l’école des Mines. Après cinq années de carrière dans des groupes comme Total, Renault ou encore Gefco, j’ai eu la chance à un âge jeune d’être en plein coeur des décisions stratégiques qui se portaient au sein de ces mastodontes du fleuron industriel français. J’avais la chance d’être apprécié de mon entourage professionnel et d’aimer ce que je faisais
A 27 ans, un déclic a eu lieu. Mes ambitions avaient besoin d’être enveloppées de sens : j’ai compris qu’à un certain moment de ma vie, il fallait faire quelque chose qui puisse avoir un sens pour la société et qui puisse accompagner le collectif.
En 2017, je me suis découvert une passion pour l’alpinisme. J’ai fait plusieurs treks, de la cascade de Glace, et j’ai grimpé le Mont Blanc, le Kilimanjaro et plusieurs autres sommets d’envergure.
Mon pays d’origine, le Maroc, a un massif de 3000 m. Mais les locaux ne connaissaient qu’un sommet sur les trois... Par ailleurs, c’était un club alpin français qui faisait la communication pour l’alpinisme marocain auprès d’étrangers. J’ai remarqué que certaines personnes ayant des métiers de la montagne étaient marginalisées, parce qu’elles étaient dépourvues de moyens pour développer leurs compétences.
J’ai aussi remarqué que ce déficit de communication ne concernait pas que les métiers de la montagne… mais presque tous les métiers sportifs (hors foot, ou équivalent) ! Et la conséquence directe de ça, c’était une fuite des talents sportifs marocains vers l’étranger.
Fin 2018, j’ai décidé de trouver un job qui ait du sens. J’ai donc décidé de créer un média qui valorise les métiers de la montagne.
J’ai trouvé des associés, un financement, et j’ai annoncé à ma boite que j’allais les quitter pour… développer le sport au Maroc ! J’ai créé Outdooors. J’aime dire que c’est le Konbini ou le Brut du sport : du brand content, de l’advertising, et de la création de contenu sponsorisé par des marques. D’un autre côté, j’ai aussi créé une agence de conseil en communication pour les organisations sportives marocaines.
On a trouvé une audience et des annonceurs. Et en 2020, on a ouvert nos premiers bureaux !
Quand on créé une entreprise, on se lance dans quelque chose qui n’est pas très défini. Mais il ne faut pas attendre que cette idée soit complètement construite pour se lancer. Elle se construira au fil du temps ! C’est pour cette raison que je me suis dit : “Rien à faire, j’y vais.”
Au delà du Maroc, je compte bientôt lancer Outdooors en France. C’est compliqué de trouver des collaborateurs, de gagner la confiance des clients d’être crédible lors des levées de fond, d’assumer les charges quand la trésorerie ne suit plus… Mais je suis heureux, car je le fais pour une cause à laquelle je crois et que j’ai construite : après tout… Outdooors n’existait pas avant moi !
Si j’avais fait le choix de faire un MBA à HEC ou à la LSE, on ne m’aurait jamais appris tout ce que j’ai appris sur le terrain. Quand tu crées ta marque, tu recrutes, tu démarches, tu fais tes rendez-vous, tu résottes, tu fais tes conférences. C’est une drogue. Tu es le maître des horloges
Tu es responsable de tout… mais tu n’es “chef” de rien ! Les avis de mes collègues sont cruciaux à mes yeux.
En entreprise, on exécute des décisions amont, qu’on soit d’accord ou non. En entreprenant, on exécute des décisions qui sont les nôtres ! Tu te fais ta propre théorie. Tout ce qu’on m’a enseigné sur le monde de l’entreprise, ça n’est pas la réalité du terrain. Et surtout dans un nouveau marché, où il faut créer le besoin. C’est un challenge auquel aucune théorie ne peut répondre.
Parfois, je regrette, je me dis que j’ai quitté une belle carrière… Mais même si je rate, j’aurai une expérience réelle que je pourrai garder en moi.
J’avais besoin de prendre soin du collectif, d’avoir une entreprise avec un but social. Une seule vie, c’est trop peu pour la vivre à moitié en travaillant pour une cause en laquelle on ne croit pas.