
« A 18 ans, j’ai fait une Licence en Chimie à Grenoble. J’ai ensuite fait une année Erasmus à Bristol, en Angleterre, puis un Master 2 à Pierre et Marie Curie (Jussieu) à Paris. Depuis tout petit, j’ai toujours rêvé de faire une thèse. Je viens d’un milieu où personne n’a fait de doctorat. Du coup, c’était comme un rêve...
Et un beau jour, je me suis dis : “Eh mais en fait… moi aussi, je peux !”. J’ai fait une thèse en Suisse, à l’Université de Bâle. J’y ai passé presque 5 ans. J’ai beaucoup appris, sur les plans perso et professionnel. Puis j’ai commencé à travailler pour le compte de Roche, toujours au sein de l’Université de Bâle. Je fais des allers-retour entre la Suisse et les Etats-Unis. Ça a duré 1 an et demi.
Mais je me suis vite rendu compte que ça n’était pas ce que je voulais faire, du moins pas toute ma vie. La thèse, c’était un rêve. Mais en le réalisant, je l’ai en quelques sortes “tué”... En plus, je n’avais plus de challenge. Je n’étais plus motivé, je ne trouvais plus de sens dans ce que je faisais.
J’étais aussi frustré. Je sentais que je pouvais faire autre chose, je me sentais très limité dans mon poste. Pourtant, le projet sur lequel je travaillais était dingue : on élaborait des puces à séquençage d’ADN ! Mais je n’y trouvais pas de sens. Je voyais que je pouvais faire autre chose. Et puis ça manquait de valeurs. Je me répétais : “Je veux quelque chose de plus humain”.
Au bout d’1 an, j’ai dit à mon boss que je voulais partir. Il a essayé de me convaincre de rester, et j’ai répondu : “Ok, mais je quitte Bâle, vous me payez le transport, l’hôtel, je travaille à mi-temps, et j’ai un jour de télétravail”. Contre toute attente, il a accepté ! Mais moi, je me voyais déjà libre. Je prévoyais de monter un projet “à impact”, qui ait du sens. Mais quel sens au juste ? Ca, j’ai pris du temps pour y réfléchir.
Je me suis demandé : “Quelles sont mes valeurs, qu’est-ce qui est important pour moi?” C’est venu presque naturellement. J’ai appris que j’allais être père de jumeaux. Ma perspective sur la vie et mes priorités ont changé ! Avec ma femme, on a changé de façon de consommer. On s’est dit : “Quel exemple on veut leur donner ?”. La réponse, c’était quelque chose de plus engagé, de plus responsable.
On s’est rendu compte qu’on avait du mal à trouver des produits sains et responsables. Mais c’est au moment où j’ai arrêté de travailler que notre budget a explosé à cause de notre consommation de produits bio... Pas l’idéal. Je suis donc parti d’une frustration personnelle pour créer mon projet. Je me suis dit : “Si j’ai ces problèmes, je ne suis sûrement pas le seul”.
Avec ma femme, nous avons alors créé Ümain, une plateforme de consommation responsable. L'ambition est de permettre à chacun de consommer de façon plus saine, tout en respectant la planète. Sur notre site e-commerce, on sélectionne les meilleurs produits sains et engagés en analysant leurs compositions, notamment en additifs et en conservateurs, pour qu’ils soient les meilleurs possible !
Mais surtout, une adhésion à la plateforme permet d’accéder à tout le catalogue à des prix avantageux, jusqu’à -50%... car aujourd’hui, il y a trop de personnes qui n’ont pas accès à ces produits parce qu’ils n’ont en tout simplement pas les moyens ! Notre ambition, c’est donc de permettre à tous d’accéder à des produits de qualité. On a fait un financement participatif fin 2020, et notre plateforme sera lancée fin avril.
Il n’y a pas une seule fois où je me lève en regrettant ce que je fais. C’est douloureux parfois, mais j’apprécie énormément ma liberté. Même si liberté ne veut pas dire : “Pas de contraintes ni de souffrance”, ici, c’est de mon propre choix qu’il s’agit. Et cela change tout. Pour moi, il y a la souffrance de l’ennui ou du désespoir, et il y a celle de l’espoir, du rêve, d’un grand accomplissement futur. Et celle-là, elle est belle.