
« J’ai fait un BTS Communication et une École de commerce, les deux en alternance. Pendant mes études, j’ai eu plusieurs postes en communication : en com RH, dans l’événementiel, en consulting... Puis je suis partie en Australie. J’ai appris à mieux me connaître. J’ai été serveuse, j’ai travaillé dans des fermes, j’ai été manager d’un bar à jus de fruits...
Ce sont des petits boulots où tu fais attention aux autres, et ça m’importait. A mon retour en France, j’ai rejoint Action Logement. Je faisais ce que j’aimais, de la com sur des sujets sociétaux. J’y suis restée 8 ans. Mais je commençais à me dire que je n’étais pas faite pour cet univers. J’étais dans un environnement de politiciens, de journalistes, de stratèges, qui font souvent “semblant”, et jouent un jeu pour arriver à leur fin.
J’ai repris mes études pour faire un Master de communication politique publique à l’UPEC afin de compléter mes connaissances. Je voulais me sentir utile. On m’a proposé un poste en Agence de communication, en tant que Consultante senior pour travailler sur de l’institutionnel avec des mairies, des écoles, fédérations… Je me suis dit que je pourrais faire bouger des choses.
Mais je me suis vite aperçue qu’on était plus sur le chiffre d’affaires que sur la campagne de communication : j’avais 30 clients à gérer en moyenne ! J’ai donc rejoint la Fédération des Jardins familiaux, en tant que Responsable communication. Je m’y plaisais et travaillais sur des projets à fort enjeux environnemental. Mais tu réalises vite que tu travailles sur 10 projets, 1 se lance, et il est modifié à 80%.
Mon conjoint est muté, et je quitte alors Paris pour Annecy. A mon arrivée, je suis contactée pour travailler sur la campagne des futures élections municipales. Quand la personne m’a dit “Vous avez le poste”, j’ai raccroché et j’ai pleuré. J’ai alors décidé de me poser et de réfléchir. J’ai beaucoup marché dans les montagnes… Je me suis prise en main.
Quand tu as un beau poste dans la communication, ton ego peut t’aveugler. Tu es bien payée, tu as un beau titre, tu côtoies de belles personnes. J’étais souvent dans les Ministères, avec des journalistes, des personnalités… Mais je me suis dit : “Qu’est-ce que tu aimes vraiment faire ?”. Et la réponse, c’est que j’aime rendre les gens heureux, j’aime faire quelque chose de mes mains (bricolage, tricot, couture...), et j’aime apprendre tous les jours.
J’ai alors rencontré une astrologue hypnothérapeute qui m’a mise en semi hypnose, et m’a demandé de lui donner mon premier souvenir d’enfance qui réunit l’ensemble de mes sens. Je lui ai raconté les moments passés à préparer la mousse à raser et les lames de mon père et de mes grand-pères et les regarder lorsqu’ils se rasaient. J’en ai encore des frissons.
Je viens d’une famille d’hommes et de motards. Et j'ai toujours été plus attirée par l'univers masculins, les hommes tatoués, barbus. Dans la rue je regarde les barbes, j’analyse leurs coupes, leur look… C'était une évidence : je devais faire un stage dans un Barber Shop et voir si la magie opérait. Le premier m’a dit non parce que j’étais une femme. Puis ailleurs, j’ai décroché un stage. Ca s’est super bien passé : j’étais à ma place !
J’ai donc recommencé à zéro et obtenu mon CAP Coiffure en 6 mois. Aujourd'hui, je continue en BTS coiffure par correspondance et toujours en stage dans un Barber Shop. Je fais des barbes, des coupes de cheveux, de la réflexologie (massages du cuir chevelu), des dreadlocks, des soins du visage... Mon objectif, c’est de rendre les gens beaux à leurs yeux… de l'extérieur comme de l'intérieur.
Je me forme sur Internet, je suis des barbiers aux US, je suis les tendances, je découvre pleins de nouveaux produits… A terme, je souhaite avoir mon Barber Truck et me déplacer partout, au plus prêt de la demande. Dans mon métier, quand mon client est parti, il se sent mieux. Et mon projet, je le débute et je le finis tous les jours. Chaque client est une nouvelle aventure. »