
« A Audencia, je me suis spécialisée en finance. Non pas par passion, mais parce que c’était la voie qui ouvrait le plus de portes après 2-3 ans d’expérience. J’ai appris dans tous mes stages, mais sans réellement éprouver d’amour ou de passion pour le sujet. Cela dit, tu es sous adrénaline tout le temps, donc ça devient addictif. Tu dors peu, tu gères pleins de projets, tu dois montrer que tu es réactif.ve…
Il y a un côté un peu “insecurred overachiever”. Du style à dire : “Je peux dormir 3h et quand même être au taquet”. Dès le début je savais que je n’y ferais pas ma carrière, mais que ce serait un tremplin. Le M&A à Londres, ça se revendrait bien le jour ou je chercherais à partir ailleurs. Et j’adore cette ville, qui bouge beaucoup, et où il y a beaucoup de multiculturalité. Après plusieurs stages en M&A, j’ai donc signé mon premier CDI.
Mon équipe avait peu de deals. J’étais la seule femme parmi huit hommes, et il n’y avait pas d’effort d’intégration. La pause déj se faisait devant nos écrans. Je n’étais souvent pas en copie des mails, ce qui te déconnecte d’autant plus de la tâche que tu fais. Le travail était répétitif. La hiérarchie y était très présente, la règle était que je ne pouvais pas partir avant mon N+1, quelle que soit l’heure…
Le télétravail ne faisait bien sûr pas partie de la culture, même quand ça aurait pu être possible. Il y avait de longues périodes de “rien”, durant lesquelles je regrettais les périodes intenses. Je suis malgré tout restée 1 an. Et en mars 2020, le confinement est tombé. Avant ça, lorsque je n’étais pas au bureau les week-ends je pouvais faire la fête, et dépenser dans des trucs dont je n’avais pas besoin pour compenser mon anxiété...
Le confinement a été un tournant. J’ai pu réfléchir, me remettre en question. J’ai passé des mois à réfléchir, à faire mon introspection. Une fois libérée du “présentéisme”, j’ai compris que je ne pourrais pas y revenir. Deux options ressortaient : “je veux être actrice”, un fantasme qui traîne dans ma tête depuis 10 ans, ou “je reste dans ma voie, mais indépendante, donc freelance ou créer une startup”.
J’ai d’abord candidaté dans des startups. Mais au dernier round, quand je sondais le type de management, du style “comment encadrez-vous vos vendeurs ?”, je n’aimais pas les réponses. En fait, aller en startup ne faisait que déplacer le problème ! Mais il y a un moment où tu te dis : “Si j’avais le choix, pour quoi je voudrais être payée ?”. Ca m’a pris du temps pour l’accepter, mais la réponse, c’était actrice.
Je me suis alors renseignée. Mais c’était compliqué, parce que j’ai 26 ans, que j’ai déjà payé mon école de commerce, et que les drama schools coûtent le même prix... De passage en France à l’été 2020, j’ai décidé de faire un stage au Cours Florent. On a appris à utiliser nos émotions en travaillant notre imagination, et en créant l’impulsion… J’ai adoré.
Mais comme je ne voulais pas quitter Londres, j’ai cherché des formations d’acting là-bas. J’ai rejoint la Metfilm School en octobre 2020. On a cours tous les mercredis soirs, et 1 samedi complet sur 2. Parfois des réalisateurs viennent nous donner des conseils pour les auditions futures, nous mettent en contact... C’est à la fois une école de ciné et un site de production. Il y a beaucoup de films qui y ont été tournés.
Quand tu joues, tu ne sais jamais ce qui va ressortir. Tu dois apprendre tes lignes par cœur, mais ensuite tu dois te concentrer entièrement sur l’autre et non ton texte pour que le naturel et la magie opèrent. Les profs te guident pour t’amener vers là où ils veulent aller. Dans la vie, on n’est pas toujours complètement focus sur l’autre. Il y a ce côté “self-concious” : et c’est bête, car ça tue l’alchimie, les meilleurs moments...
Hélas, c’est très dur d’en vivre. Donc en parallèle, je suis freelance en finance. Quand ma formation s’arrêtera au printemps prochain, je débuterai les auditions. J’ai repéré une autre formation, que je pourrais rejoindre également. Ce que j’adore dans le jeu, c’est que tu utilises des émotions. Tu ne dois pas les cacher… bien au contraire ! Finalement, ce qui me dérangeait le plus en finance, c’était le côté “robot”. »