
« Je suis née en Argentine. Je suis arrivée en France à 11 ans, à Toulouse. C’est à ce moment-là que j’ai appris le Français. Après mon Bac L, j’ai fait une école d’Art et Design (MJM), parcours Graphisme & Pub. J’ai toujours été intéressée par la mode et la presse. Il y a quelques années, mes parents et moi avions une voisine photographe. Mon père étant dans la musique, c’est vite devenu une amie de la famille.
Un jour, elle m’a parlé d’une offre au sein d’une agence de photo dans la mode, pour faire de la retouche 6 mois par an, en contrat freelance. C’était parfait : être super bien payée pour travailler la moitié de l’année, et voyager autant que je voulais. En 2009, j’ai donc accepté l’offre. Je suis devenue Manager, et j’ai fait ça pendant 7 ans. J’avais une équipe de quatre personnes à gérer. C’était mes meilleures années ! Mon “dream job”...
On envoyait les photos aux magazines de design, de mode, de pub… Entre 2009 et 2015, j’ai même fait toutes les Fashion weeks : New York, Londres, Milan et Paris ! Mais c’est un milieu très particulier. En 2015 j’ai donc eu envie de partir. Mais ça ne se fait pas du jour au lendemain, c’est tout un process. Mon taf empiétait sur ma vie perso, c’était plus fort que moi. Tu te dis “ça va, c’est pas si grave…”
J’ai fini par faire un burnout. Et suite à ça, j’ai quitté mon agence. Mais n’étant pas capable de m’arrêter de travailler, j’ai été embauchée dans une autre grosse agence, concurrente. L’ambiance y était terrible. J’étais vue par mes boss comme une poule aux œufs d’or, qui leur donnait accès à tout son réseau de maisons et de marques. En plus, j’étais sous payée et traitée comme du bétail...
Un jour, un photographe m’a appelée, et m’a dit : “J’ai besoin de quelqu’un pour bosser avec moi chez une marque à New York.” Mon agence a accepté, à condition que je fasse la Fashion Week de Milan avec eux la semaine suivante. Or, à New York, je reçois un appel d’un autre photographe, qui me propose d’aller à la Fashion Week de Milan justement, mais dans de biens meilleures conditions que mon agence ! Et là, j’ai un déclic.
Quand tu entres dans la phase où tu remets tout en question, tu sais que de toute façon tu ne peux plus retourner en arrière, que tu es allée trop loin dans le truc, et que tu dois sauter : j’ai donc accepté la super proposition du photographe, et j’ai décidé d’aller à Milan en freelance pour l’assister. J’ai rompu tant bien que mal le contrat avec la grosse agence, ce qui m’a valu d’être totalement reniée.
À partir de là, grâce au bouche à oreille, j'ai commencé à travailler pour les défilés en vraie indépendante, en contact direct avec les Relations publiques des maisons. Cela fait 6 ans que je suis indépendante. Il m’est arrivé de travailler pour des événements divers tels que les dîners de gala de l’Opéra, évènements privés Moët et Chandon en tant qu’Editrice et Retoucheuse photo…
En ce moment, je travaille aussi pour des grosses marques en tant qu’Opératrice digitale sur les shootings et/ou retoucheuse photo de campagnes en remote. Je commence également des prises de vue produit pour une créatrice de mobilier design. Ce que j’aime le plus, dans ma nouvelle vie, c’est le fait de mener à bien un projet commun avec mes clients dans des conditions “d’urgence”. Ca crée des liens de confiance forts et vrais.
Je touche à différentes facettes de mon métier selon leur besoin, ce qui me permet de rester toujours à la pointe des avancées techniques et artistiques. Et avec le temps, j’ai appris à capter tout de suite l’univers de mon client et à adapter mon expertise à lui, ce qui crée une atmosphère confortable et détendue. Et comme tous les freelances, j’adore gérer moi-même mes horaires, mes projets, mes déplacements… la vraie liberté !
Avant, en allant d’un événement à l’autre, je rencontrais plein de nouvelles personnes. Mon réseau s’étendait, ce qui me donnait accès à plus d’événements… et ainsi de suite ! Mais avec le Covid, la façon de travailler a changé : on doit constamment se réinventer pour s’adapter aux aléas de l’évolution de la société. Aujourd’hui, je sens que j’ai touché mon idéal professionnel, celui dont je rêvais étant plus jeune. »