
« J’ai grandi en Corse. A l’école, je séchais pour aller à la plage ! Après le Bac, je ne savais pas quoi faire. J’avais envie d’aller à la plage, d’avoir mon permis, de kiffer. Mais on m’a dit : “Les bons élèves font prépa”. Du coup je suis parti à Marseille, en Prépa commerciale. J’étais passionné par toutes les matières. Ça m'a fait grandir.
Mais ça n’était pas pour moi. J’ai passé une équivalence l’été et j’ai intégré la Fac, en Sciences éco : je n’y ai jamais mis les pieds ! J’ai alors passé des concours passerelle et intégré Skema. J’ai fait plusieurs stages. J’ai toujours été anxieux, donc j’ai toujours à chaque fois pris le premier stage qui m’acceptait. J’ai fait tout et n’importe quoi !
Mon premier stage était dans l'hôtellerie à l’île Maurice. Je donnais des cours de sport, gérais les relations clients et les events... Ça m'a donné le goût du détail. Puis j’ai fait un stage dans un réseau de grossiste en spiritueux et softs. Et j’ai fait une césure chez Air France, en Relations clients. Quand je suis arrivé sur le marché du travail, j’ai encore pris le premier job que j’ai décroché, en tant que Biz Dev à Lyon.
Le premier jour, j’ai fait le tour du quartier pour acheter des viennoiseries à tout le monde. Je suis arrivé à 8h02 au lieu de 8h, et mon Manager,sans même me dire “bonjour”, me prend dans une salle et me dit : “Quand je dis 8h, c’est 8h. Pas 8h02”. J’ai démissionné au bout d’une semaine ! Puis je suis rentré en Corse quelques mois : j’ai cuisiné, j’ai fait de la chasse sous-marine...
Suite à un long process, j’ai décroché un job chez Oscaro, un leader des pièces détachées auto. J’ai touché à tout. On faisait des événements énormes, malgré nos petits moyens. C’était de la débrouille, mais ça me plaisait énormément. On faisait tout nous-mêmes, c’était l’ADN de la boîte. : événements, pub… On était agence, boite de production, acteurs, et caméramans !
On avait un championnat du monde automobile à notre nom, une équipe sur le Tour de France. On a organisé le plus grand tournoi d'échecs de blitz de Paris, suivi par une soirée avec le DJ Jacques au bureau, qui a fait un live avec des pièces auto… et pleins d’autres events de dingues ! J’ai intégré la Direction marketing. On avait une bonne team, avec de la data, de la tech… J’ai même eu la chance de partir en formation à Stanford !
Mais un jour, on a été rachetés par un gros groupe. Et là, certains ont dévoilé leurs vrais visages… Chacun faisait son truc dans son coin, voulait bien se faire voir des nouveaux, il n’y avait plus de partage, plus d’humanité… Mais moi, j’étais à 100% sincère. J’ai peut-être eu tort de m’investir autant. J’étais passionné par mon truc. Du coup, je me suis cramé : je taffais le soir, le week-end…
Mais en retour, je me faisais balader à base de : “C’est super ce que tu fais !” alors que je savais que ça n’allait pas aboutir. J’ai dû prendre des médicaments pour tenir. Mon corps ne pouvait plus. Et je n’avais même pas la paye ou la reconnaissance suffisantes. Du coup, après 6 ans de bons et loyaux services… I quit ! Avec du recul, c’est la meilleure décision de ma vie. J’ai pu me concentrer sur mon bien être, et j'ai rencontré l’amour de ma vie.
Nous sommes partis en Thaïlande suivre une formation de Yin yoga, méditation et médecine traditionnelle chinoise. Puis le Covid est arrivé, et nous a forcés, comme tout le monde, à ralentir. Et je n’ai jamais autant eu foi en l’avenir ! J’ai découvert la pleine conscience et la gratitude. J’ai énormément appris sur moi et sur mes besoins fondamentaux : amour, temps, partage… Si tu ne prends pas de temps pour toi, tu ne pourras jamais savoir.
Aujourd’hui, on songe à proposer des retraites à des couples ! Il faut faire attention, quand tu t’investis trop : la chute est psychologiquement complexe. Il ne faut jamais perdre de vue l’équilibre vie pro-perso. Et si tous les dimanches c’est l’angoisse à l’idée du lundi : il n’y a même plus de question(s) à se poser ! Il faut sortir de ce truc, mauvais pour toi. Il faut quit ! »