
« J’ai étudié à la Sorbonne Nouvelle en Langue Anglaise - Littérature - Civilisations Étrangères. J’ai fait ma troisième année à Montréal, qui est à 60% anglophone. Et en rentrant en France pour le Master, j’ai passé le CAPES d’Anglais. J’ai été prof d’Anglais dans l’éducation nationale, au collège. Je me suis dit : “C’est l’horreur”. Je n’ai pas d’allié. Le principal est contre moi, les parents, les élèves. Les profs sont tous déprimés.
J'ai quit. On m’a dit : “Mais tu es irresponsable !”. J’ai répondu : “Ca ne me plaît pas !”. J’ai participé au programme Phénix, proposé par la Sorbonne. Il permet aux universitaires d’intégrer une grande entreprise pendant 1 an en CDD en alternance avec la Sorbonne. Ca fait une passerelle pour les gens qui ont un background très académique, comme moi (j’ai un Master de recherche en linguistique anglaise).
Je suis rentrée en RH chez L’Oréal. Je gérais les plans de formation pour les Managers du Groupe. Mon alternance s’est très bien passée, et j’ai décroché un CDI. J’étais fière d’être dans une belle boîte, à un beau poste, alors que rien ne m’y prédestinait. 1 an après, je suis devenue responsable formation dans le Digital. C’était un gros chantier.
J’y ai travaillé 3 ans. En 2017, j’ai été promue Learning Manager pour la Communication Monde. J’étais Responsable formation pour tous ceux qui faisaient de la com au sein du Groupe dans le monde. Notre pilote de formation a eu lieu à Hong-Kong ! J’avais à peine 27 ans. C’était beaucoup de responsabilités, on me faisait confiance, on comptait sur moi pour me dépasser. Mais je n’avais pas de vie à côté.
En plus, je me suis retrouvée dans une équipe pourrie… On me félicitait en face, mais on me mettait des bâtons dans les roues à chaque occasion. J’arrivais à 8h30 pour éviter le monde sur la ligne 13. Je restais jusqu’à 20h30 le soir. Au bout de 6 mois, je me suis retrouvée sous anxiolytiques. J’ai été arrêtée une première fois fin 2017, pour 1 mois. Je ne tenais plus le rythme. En plus, les voyages induisaient beaucoup de jetlag.
Et là, mon meilleur ami a perdu plusieurs membres de sa famille d’un coup. Un câble a lâché dans ma tête. En plus, 2 ans avant, aux attentats du Bataclan, j’ai perdu deux amis. Je me suis dit : “Si demain, je meurs, … pourquoi me faire violenter tous les jours ?” Pourtant, après mon mois d’arrêt, j’y suis retournée. Et un soir, j’ai fais une crise d’angoisse, je n’arrivais plus à respirer ni à avancer. Un mec s’arrête : par chance, il est secouriste !
La semaine suivante, je retombe malade. J’espère que le Médecin me prescrira mes médicaments assez vite pour que je reprenne mes calls à 9h. Et là, il me dit : “Je dois vous arrêter”. Quand j’ai annoncé la nouvelle à ma boss, elle m’a juste répondu “ok” avec une petite moue. En mars 2018, j’ai quit. J’ai fait un mois de voyage en Thaïlande.
En rentrant, je me suis fait coacher 6 semaines. Puis je me suis dit “Je peux renouer avec mon amour pour l’Anglais, mais plutôt que de le faire en tant que prof de collège, je vais le faire en one-to-one, et avec des adultes”. Et j’ai commencé à coacher des gens qui avaient besoin d’une remise à niveau en Anglais, et d’un entraînement RH pour leurs entretiens d’embauche.
Je suis chez moi, je ne fais plus 8h-20h, métro-boulot-dodo. Je choisis mes clients. Je suis sortie de ma zone de confort : je fais le commercial, le marketing, j’ai créé mon site… Pour rien au monde je ne retrouverais un job en salariée. En 2020, 2 ans après avoir créé mon statut, j’ai fait mon salaire net de ce que je gagnais chez L’Oréal. J’ai même embauché une presta pour m’aider à automatiser mon trafic sur Linkedin !
Ton entourage risque de te biaiser : “C’est dommage, tu as fait de supers études…”. Mais tu pourras toujours mettre ton background à profit. A quel moment la spirale de la performance s’arrête ? La phrase “T’en as déjà marre ? A 27 ans ?” me hérisse les poils ! Pourquoi attendre jusqu’à 40 ans ? En plus, le fait d’être chez moi m’a permis de réaliser mon rêve : j’ai enfin mon petit chien ! »