
« Je suis Normand, et j’ai passé toute mon enfance à Rouen. Après le Bac, vu que j’aimais bien les Sciences, j’ai rejoint l’INSA Lyon où j’ai suivi un cycle ingénieur en génie civil après 2 ans de prépa intégrée. Mais j’ai vite compris que la vie en bureau d’étude génie civil ne serait pas pour moi.
Du coup, j’ai fait un Master Spé en Management de grands projets à HEC où j’ai pu rencontrer des profils différents et découvrir des secteurs d’activités variés. Suite à ça, j’ai travaillé pendant 3 ans chez Urban Era, à la direction des grands projets urbains. Je pilotais le montage d’opérations d’aménagement à grande échelle de type éco-quartier : pilotage des architectes et bureaux d’étude, échanges avec les mairies et instances territoriales...
C’était épanouissant, varié, et l’équipe était super motivée. J’ai adoré ces 3 années. Mais j’ai toujours su que je monterais ma boîte un jour. Ma vie parisienne de jeune cadre m’a poussé à faire attention à mon empreinte écologique, à ce que je mangeais… J’achetais des marques françaises ayant une très bonne com et j’avais peur de me faire avoir par des arguments marketing type green washing.
Je me disais : “Comment aller au fond du vêtement et savoir ce qu’il en est réellement sur les matières premières, les étapes, les lieux de production ?” J’avais ça dans un coin de ma tête, mais je m’étais dit “Jamais je ne me lancerai, je suis parti dans la vie”. Le confinement a été déterminant. Le chômage partiel m’a fait réfléchir : “J’ai 26 ans, je n’ai pas de prêt, pas d’enfant, si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai jamais”.
En parallèle, Camille, une amie que j’ai rencontrée au collège à Rouen, était aussi dans un grand groupe, et se posait des questions sur l'entrepreneuriat. De fil en aiguille, de verre en verre, on a fait le business plan, on a contacté des marques, on a eu des retours positifs... Et à Noël 2020, on s’est lancés.
Responsape, c’est une marketplace qui regroupe des marques françaises qui produisent des vêtements en France ou en Europe à partir de matière écoresponsables (bio, naturelles peu énergivores, ou recyclées). On valorise des marques françaises qui mettent beaucoup d’argent dans le développement de leur produit, mais qui ont moins d’argent pour la com que des géants de la fast fashion.
Notre proposition, c’est de les regrouper sur un site, et de pousser des looks multimarques (suite à des shootings). Les consommateurs accèdent à une synthèse des justificatifs et labels des marques, sans blabla ! On a quitté nos entreprises respectives au printemps 2021, et on est retournés en Normandie.
On a été accueillis par deux incubateurs : celui de Neoma (l’ancienne École de Camille), et Katapult, un incubateur porté par l’Adress, une asso, et par la région Normandie, exclusivement dédié aux entreprises de l’ESS. Il y a 1 mois, on a lancé le site. On a une vingtaine de marques partenaires sur le site, et une quarantaine de marques prévues pour la rentrée !
Le business model de la marketplace est basé sur des volumes, mais on ne veut pas pousser à la surconsommation. On regarde comment faire des partenariats avec des commerces de proximité pour prolonger le cycle de vie des vêtements.
Aujourd’hui, mes enjeux ont changé. Je suis beaucoup plus stressé, mais je suis aussi beaucoup plus investi. Tu gères ton emploi du temps, tu n’as plus la routine du “Je me lève à 7h, je prends le métro, j’arrive, je repars à 19h30”. Tu sais que tu peux faire comme tu veux, et c’est agréable, même si in fine tu travailles autant voire plus ! »