
« J’ai commencé ma vie scolaire en milieu rural, en Dordogne. Après mon Bac, j’avais hâte de quitter Périgueux. Je suis arrivé à Bordeaux à 19 ans. Je suis allé à la Fac, sans grande conviction, mais j’avais soif de liberté. J’ai passé un DEUG de langues Anglais, Espagnol, Japonais. Puis je suis allé vivre 1 an dans le Pays Basque pour travailler dans le Tourisme. J’ai découvert une région
magnifique.
Au bout de cette année et demie de tourisme, j’avais envie d’autre chose. J’avais une fibre commerciale forte. Du coup, j’ai postulé pour être vendeur dans un magasin pour France Loisirs. J’y suis resté 7 ans : j’ai été vendeur puis Directeur adjoint directeur de magasin. Avoir des responsabilités était palpitant, mais la mobilité était obligatoire : j’ai dû m’installer dans pas mal de villes différentes en Aquitaine... mais le challenge me motivait.
On a fini par me demander trop de mobilité. Du coup, j’ai décidé de rejoindre les Galeries Lafayette de Bordeaux. L’expérience n’a pas été super, le management ne m’a pas stimulé. Après 1 an et demie, je suis allé chez Crocs pendant 2 ans. J’ai été Responsable de la première boutique bordelaise. L’expérience a été top : lancer le truc avec une équipe avec qui tout à faire, culture d’entreprise hyper fun “à l’américaine”.
Ils étaient rigoristes et précis sur les chiffres, mais il y avait une réelle proximité même avec les plus hauts niveaux hiérarchiques, et une vraie valorisation du côté entreprenant. Au bout de 2 ans, j’avais fait le tour. J’ai été Responsable de magasin chez Van’s. Expérience de 6 mois qui a été pourrie : je n’avais pas la culture “US”. Je n’étais pas à ma place. Je ne suis pas skatteur. Mon équipe était très puriste. Ensemble, on a décidé d’arrêter.
Puis j’ai été 1 an chez New Look. J’étais Floor manager de l’immense rayon femme. C’était intéressant, mais j’étais usé. Ca faisait 10 ans que j’évoluais dans le Retail. C’est un secteur où tu n’as pas de jour férié, tu n’as qu’un jour de congé mais on peut t’appeler quand même… Je n’avais plus de vie privée. J’ai dit stop. Je suis reparti à la Fac… pendant 2 ans ! J’ai pu faire un update de toutes mes connaissances.
Sur le plan humain, ça m’a beaucoup apporté d’être avec des gens si jeunes : remise en question, coup de fouet… Je pense que le fait d’être Manager m’avait rendu aigri, fermé, obtus. Du coup, j’avais de nouvelles ambitions perso et pros. Au terme de ces 2 ans, j’ai travaillé à distance pour une startup parisienne. J’étais Business Developper, donc je gardais ma fibre commerciale mais avec une dimension stratégique.
Je suis rentré à Bordeaux et j’ai rejoint un groupe de Marketing relationnel à travers l’expertise de la Data. On accompagne nos clients sur l’exploitation et la gestion de leur data. Au premier confinement, j’avais une double casquette : commercial, et com. Et depuis juin, je suis Social media manager. Je gère toute la com réseaux sociaux, et en relation avec les RH, la com interne pour fédérer les salariés autour des valeurs.
J’ai découvert les réseaux tardivement, à 35 ans. Aujourd’hui, je ne pourrais pas m’en passer ! Mon job demande beaucoup de créativité, mais parfois, j’ai des pannes d’inspiration. Ca peut être frustrant de mettre mes idées sur papier et voir que ça ne matche pas. Tu dois aussi faire énormément de veille, il faut être au taquet, hyper réactif. S’il y a une actu brûlante le lundi et que tu la postes le mardi, tu es has been !
Mon expérience Retail me sert aujourd’hui. En étant à la com, je rédige des billets, des articles de blog. Et vu que j’ai été un opérationnel, donc je comprends quand je m’adresse à une Direction Marketing, je peux me mettre dans la peau de leurs équipes magasin. Je viendrais de l’industrie, je serais perdu. Reprendre ses études, faire un bilan il n’y a pas d’âge. J’ai eu une appréhension, mais une fois que tu es dedans, ça va tout seul.
Aujourd’hui, je suis passionné, je suis bien, j’ai un équilibre vie pro-privée. J’ai une mission globale qui me plaît. Le mardi, tu es à fond et le mercredi tout te soule, mais c’est normal. Il ne faut pas avoir peur de la reconversion, de tout péter pour tout reconstruire. Il n’y a pas de reconversion ratée, car c’est une démarche qui est personnelle, réfléchie. Tu ne peux pas la rater. »