
« Ma mère est comédienne et mon père est géologue. Ils se sont rencontrés au Conservatoire de théâtre. On a vécu en Arabie Saoudite de mes 3 à 9 ans. Grâce à ça, je pense avoir un oeil bien ouvert sur le monde. Après une adolescence à Orléans, je pars à 18 ans en Licence événementiel / journalisme à Lille. C’était intéressant de partir, d’avoir un appart, de rencontrer de nouvelles personnes. Mais je suis paumée.
Je prends conscience de ma créativité vers 20 ans, et je décide d’aller dans une école de communication visuelle. Je ressentais mon potentiel créatif mais je ne savais pas qui j’étais, donc j’avais du mal à l’exprimer.
Je retourne à Orléans, et je fais mes premiers boulots en prêt à porter. Je suis Vendeuse, puis Adjointe, puis Responsable de boutique. Je vends bien, je manage bien, je transmets bien. Quelque chose se passe.
Je peux louer mon premier appart, j’entre dans la vie d’adulte. Tu ne te dis plus “qui suis-je ?”, mais “je gagne donc je suis”. Ca dure 2-3 ans où je me définissais par ce que je faisais et pas par ce que j’étais. Avant les soldes d’été, je me mets à pleurer dans ma réserve en étiquetant les soldes. Je me dis : “Ca n’est pas possible”. J’avais la sensation de me gâcher, que ce métier n’était pas moi, que je n’exprimais pas mon potentiel.
Je démissionne donc de mon poste de responsable et reprends mes études à Paris dans une Ecole de marketing de mode. C’était très 360°, parfait pour quelqu’un d’un peu perdue comme moi. Je suis embauchée chez Comptoir des Cotonniers. J’y passe 5 ans, et deviens ensuite Responsable du Visuel merchandising chez Karl Marc John… J’apprends mais me sens à côté des mécanismes imposées. Faire vite, penser vite, parler vite… Je quit.
Je me force à me demander qui je suis. “Redoutablement observatrice” c’est certain, mais qu’est ce que je vais bien faire de ça ? On voit sur Insta “définis tes valeurs, dis qui tu es”. Mais on ne t’explique jamais comment faire.
En septembre 2020, je deviens entrepreneuse. Je passe 6 mois à me chercher, me détacher du salariat. J’ai besoin de légitimer ma créativité, je fais des collages, je dessine, j’écris. Une explosion ! J’avais besoin de m’exprimer.
J’ai une grande empathie, presque envahissante. Je me sens connectée à l’émotion de l’autre mais je ne savais pas trop comment valoriser ça. J’ai commencé à écrire des textes sur Insta. Je voulais que les gens viennent à moi au feeling, sans avoir à leur imposer un besoin inventé. Je fais ça à l’intuition, au bon sens, et mon accompagnement, à force de clients, s’est précisé : aider les gens à faire du “storyfeeling”.
On m’a beaucoup dit que je faisais du storytelling, du marketing, mais en fait, j’arrive avant toutes ces étapes. C’est une démarche humaine qui arrive avant le branding et le marketing. Je ne veux pas de discours opportunistes, je veux aider les gens à exprimer leur message au monde, et à eux-mêmes. Et je me rends compte que grâce à mon empathie, je suis aujourd’hui dans ma “zone de génie”.
Tous mes clients, ont l’impression de partir dans tous les sens, et pourtant, pas du tout ! On a tous l’impression d’être égarés, on ne s’entend plus nous-mêmes. J’ai inventé le mot “Démêling” : car mes clients me disent souvent qu’ils sont complètement emmêlés ! On fait un travail d’archéologie, où on va chercher des piliers de sens, d’émotions. “Authentique”, par exemple : comment on habite ce beau mot mais galvaudé ?
On va aller chercher la philosophie du mot, l’étymologie. On ne va pas tout prendre, mais on va comprendre pourquoi et à quel moment ça nous fait écho. Mon kiffe, c’est le rendez-vous où je rencontre les projets et les premières pensées qui l’accompagne. Mon ambition est de les ancrer pour qu’elles soient le fil rouge et le fuel du projet. Je veux que quand tu parles de ta vision, il n’y ait aucun “bullshit”, que tu sois claire et rayonnante.
Le retour direct sur ce que tu fais, ça manque dans la vie d’employé. Tu ne perçois pas l’émotion que tu procures aux gens.
Aujourd’hui, je ressens une connexion humaine avec mes clients et j’ai une grande affection pour leurs projets. Heydaruma se construit en même temps que je me construis en tant que femme. L’idée c’est que ça ne s’arrête jamais d’évoluer, et que ça vibre en dehors et en dedans ! »