
« J’ai passé une bonne scolarité jusqu’au collège. Puis on a commencé à nous parler d’orientation : je n’avais aucune idée de quoi faire. Je savais juste que j’étais littéraire. J’ai en effet été très épanouie en L. Au moment des choix d’études, on m’a suggéré, compte tenu du fait que j’étais bonne élève, d’aller en prépa. Ça me laissait 2 ans pour réfléchir. Je ne me voyais pas arriver à la Fac et choisir directement une Licence.
J’ai vite réalisé que j’étais contre ce système : voir tous mes amis déprimés et fatigués tomber un à un, c’était insoutenable. Moi-même, je m’endormais en cours. J’étais ravie que mes profs ne me laissent pas passer en deuxième année. J’avais une amie en Licence de sciences du langage. Ça m'attirait pas mal. J’ai été acceptée directement en L2. Mais au moment de choisir un Master, j’étais à nouveau perdue.
J’avais beaucoup de mal avec le monde pro car j’avais peur de me sentir aliénée, prisonnière. J’ai vu ma mère travailler 20 ans dans la même boîte, être en burn-out. En fait, j’étais paralysée par ma peur. Une Conseillère d’orientation m’a suggéré de faire un service civique. J’ai alors quitté Toulouse pour Paris. J’ai commencé mon Service civique dans un média local et participatif qui demandait aux habitants ce qu’ils voulaient voir.
J’adorais le côté créatif du job, les ateliers et formations dans des écoles… J’étais polyvalente, j’ai présenté une émission d’actualité, je me sentais briller. L’expérience a été géniale. Mais un des Dirigeants était malhonnête. J’ai compris plus tard qu’il utilisait l’asso pour se faire connaître en vue d’entamer une carrière politique. Il m’imposait une grosse charge de travail, et accumuler les heures supp est vite devenu une habitude.
A la fin de mon Service civique, il m’a proposé un CDD. Il m’a dit : “J‘ai besoin de toi : je vais construire une carrière politique.” Puis il n’a parlé que de lui. Je suis ressortie de là assez choquée et triste. Je me demandais si tout cela était légal. Mais on m’a dit : “On ne refuse pas un CDD en plein Covid !”. J’avais peur d’un chômage sans fin. J’ai décidé d’accepter le contrat, tout en sachant que j’allais devoir être forte.
Ça a été une lente descente aux enfers. J’ai fini par faire un burn-out. La nuit, je serrais la mâchoire inconsciemment car je passais toutes mes journées sur la défensive. Ça continue d’ailleurs aujourd’hui, 1 an après… ! Dès que ce Dirigeant arrivait, l’ambiance s’alourdissait. Un jour, il m’a injustement hurlé dessus devant mes collègues. Je lui envoyais des alertes, auxquelles il répondait : “Prenons un verre ce soir avec les autres !”.
Peu à peu, j’ai pris confiance en moi. Je me détachais de son emprise, et ça le perturbait. J’ai réussi à tenir 1 an, car je passais beaucoup de temps sans le voir. Et ça faisait du bien ! Sa manipulation a continué jusqu’au bout. Quand je lui ai annoncé que j’allais quit, il m’a répondu : “C’est moi qui déciderai si tu restes ou pas en fonction de ton atteinte des objectifs”. Il a voulu activer mon sens du challenge…
Ca n’a pas marché, alors il est même allé jusqu’à me proposer un salaire plus avantageux… Mais j’ai quit ! A l’automne 2021, je me suis ressourcée et reconstruite. Pendant mon chômage, j’ai ressenti un désarroi identitaire (pro, perso, géographique…). Mais grâce au fait d’avoir quit, et à mon accompagnement par une Psy du travail, j’ai réalisé que j’étais une femme forte et indépendante, qui avait réussi à dire stop !
Et en janvier 2022, je me suis mise en quête d’un job. J’ai découvert la plateforme “Jobs that make sense”, sur laquelle il n’y a que des offres à impact positif (environnement, social…). J’ai candidaté à une offre de Coach au sein d’une startup qui a créé des parcours pour accompagner les futur.es retraité.es dans leur projection retraite (développement personnel, admin…). J’ai commencé en avril 2022.
C’est le bonheur. Les fondateurs sont tops, le management est sain. Mes collègues et bureaux sont géniaux… On a des temps informels, des sorties tous les 2 mois. Je suis bien payée, je ressens de la reconnaissance… Mon conseil à toi qui veux quit : il ne faut pas rester si on va mal, où on n’est pas aligné et malheureux. Quelque chose de mieux existe.Il faut être avec des gens qu’on aime et faire des choses qu’on aime… car c’est ça la vie. »