
« J’ai fait S pour faire comme mon père et mon frère, et parce que “ça m’ouvrait toutes les portes”. Milieu de 1ère, j’ai fait un rejet du jour au lendemain des matières scientifiques. Mais miracle, j’obtiens mon bac à 10 pile. Je rejoins un IUT, une nouvelle fois pour faire “comme papa”, devenir ingénieur auto. Je tiens 6 mois. Mon frère était dans le paramédical, j’adorais le sport, je me suis donc inscrit en… prépa kiné. C’était une démarche naïve.
Je n’ai eu aucun concours. Je me suis dit : “Arrête le scientifique : tu es fait pour le business, le commercial.” J’ai donc fait un BTS Management des Unités Commerciales en alternance. J’étais dans un groupement de concessionnaires auto, au service Marketing. Je me suis éclaté. Puis j’ai rejoint Kedge Bordeaux en Master. Vu que c’était des parcours à la carte, je me suis spécialisé en market et com.
Fan de sport et aimant le marketing, j’ai pensé au marketing sportif. J’ai eu la chance de trouver une offre, car ce milieu est très fermé. J’ai commencé en stage en 2017 dans la branche marketing sportif du groupe Lagardère. Les équipes étaient jeunes, l’ambiance et les bureaux était cool, ça ne parle que sport dans l’open space, tu as de gros clients, et donc tu vas à plein d’événements sportifs. A la fin du stage, ils veulent me proposer un CDI.
Mais malheureusement, aucun poste ne se libère. Je fais donc un CDD de 6 mois dans une agence de pub. Je n’avais qu’un client : beIN sport. Je suis sur de l’exécution, je fais le lien entre le client et les créas de mon agence. Mes interlocuteurs sont horribles, le job ne m’épanouit pas. Je ne renouvelle pas le contrat. Lagardère me rappelle alors. Le lundi suivant, en avril 2018, je reviens à la “maison”, 1 an après la fin de mon stage.
Mais après 2 ans, je n’ai toujours pas évolué. Les paillettes du début s’estompent, tu réalises que tu charbonnes, tu fais des heures de fou, tu es payé au lance pierre, le management n’est pas toujours idéal, la reconnaissance n’est pas toujours au rendez-vous. J’étais pris dans un cercle vicieux : tu es blasé par ton job, donc tu ne te donnes plus complètement… Heureusement que l’équipe était soudée. Puis le Covid. Seul dans mon T2 parisien, je réfléchis.
Avec une amie, on rêvait de monter un resto. En parallèle, annonce d’un énorme plan social dans ma boîte. Je crée mon dossier de départ volontaire autour de la restauration. En janvier 2021, il est validé et je pars. Le timing était parfait. Mais l’amie avec qui je devais monter le projet quitte Paris. Coup dur. Je me retrouve le bec dans l’eau. Je fais malgré tout les formations admin, hygiène, mise à niveau en compta que j’avais planifiées.
Je vais voir un ami restaurateur à Paris, qui avait monté son resto 2 ans auparavant, “Petit Navire”, dans le 20ème. Je lui demande des contacts, il me répond : “Je monte un deuxième resto, j’ai besoin de quelqu’un ici : bosse avec moi !” En plus, le resto de mon pote ressemble à ce que j‘avais en tête : petit resto de quartier, carte restreinte et bons produits, ambiance cozy et conviviale, tables serrées, cuisine ouverte…
Été 2021, j’y fais des extras. Et bam, deuxième coup de bol : il m’embauche en CDI en tant que Manager du resto, car il a besoin de se concentrer sur les travaux en vue de l’ouverture de son deuxième resto. Vu que c’est une petite structure, c’est un peu du bricolage, tu fais tout. Tu commences de zéro, tu fais illusion devant les clients, tu n’es pas à l’aise. Mais les mois passent et tu finis par sentir que tu es légitime, que tu peux gérer.
Je ne me retrouvais plus dans le monde du sport et dans la vie de bureau. J’avais l’impression que comme tout job du conseil, tu vends du vent aux gens, et parfois tu vends même ton âme au diable : quand tu proposes à un client une stratégie à impact environnemental alors qu’un de tes clients est Total, par exemple. Je n’en pouvais plus de plus cirer des bottes juste pour avoir un chèque derrière.
En rejoignant la restauration, j’avais envie de concret, de relationnel honnête, de contact véritable, d’échange. Souvent, je me dis : “Je suis content d’être là”... ce qui ne m’arrivait plus sur la fin de mon job précédent, à part lors de grands événements sportifs. J’adore quand les gens repartent de mon resto avec le sourire, avec un “Merci, on a passé une super soirée, on reviendra !”. »