
« J’ai un Master en com des entreprises. Ma première expérience était à Lille, en tant que chef de projet digital dans une agence appartenant au Groupe Altavia. J’y ai grandi vite. Au bout d’1 an et demie, ma femme a une opportunité au sein de BETC, à Paris. Je rejoins Altavia Paris, mais ils m’ont viré car je ne “rapportais pas assez d’argent”, bien que je me sois donné corps et âme pendant 6 ans et que j’aie fait décoller l’activité à Lille…
Après un passage dans une agence social media Heaven plus connue dans le milieu, j’intègre l’agence Leo Burnett, au sein du groupe Publicis, où je passe 6 ans en tant que Directeur conseil. Je me suis éclaté : j’ai touché à beaucoup de choses, j’avais de gros clients (Samsung, René Furterer, Gemey Maybelline…). Tu gères un portefeuille client, tu leur proposes des idées pour améliorer leur communication digitale, voire globale.
Mais j’étais mal à l’aise de vendre toujours plus de produits aux gens: plus de médicaments, de portables, de shampoings… Tu n’as pas de rétribution financière, de reconnaissance. Je faisais 2h de trajet, 70 heures par semaine. Et tu n’es qu’un pion. Pour faire des économies, on demande aux gens de faire 10 fois plus. Mon équipe est passée de 20 à 4. Je ne m’y retrouvais plus. Un dégoût s’est installé… puis j’ai senti le burn-out arriver. J’ai quit fin 2018.
En devenant père, j’ai aussi pris conscience de pas mal de choses : sur la vie, sur la responsabilité parentale, et surtout sur ce que tu dois transmettre à tes enfants en termes de valeurs et de modèles. On habitait un grand appartement dans le 9ème, on gagnait bien notre vie. Mais on ne se voyait pas élever nos enfants dans un environnement urbain et bétonné. J’avais besoin d’espace, de retrouver un jardin, des arbres.
J’ai mieux compris l’économie mondiale, le capitalisme, le fait que tout ça va exploser un jour… Ma conscience écologique s’est affutée : je ne voulais plus travailler pour les industries traditionnelles (téléphonie, cosmétique traditionnelle…) à l’origine de tant de maladies. J’avais aussi le besoin de passer à d’autres choses, de trouver une activité qui me convienne.
Mon envie d’entreprendre était de plus en plus présente.
Je me voyais même me lancer dans l’artisanat, ça résonne très noble ce genre de métiers : c’est concret, tu maîtrises la chose, tu ne vends pas du vent à 1500 euros la journée. L’agence de ma femme dépose alors le bilan. On s’est octroyés quelques mois de réflexion : “est-ce qu’on repart pour un tour dans la com, parce que c’est ce qu’on sait faire ? Ou est-ce qu’on passe à autre chose ?”.
Ma femme fait alors un peu de bénévolat dans la cosmétique responsable, et on réalise alors qu’il y a une super opportunité sur ce marché. Je lui propose de créer notre propre enseigne de distribution de produits cosmétiques bios. À l’été 2019, on quit Paris pour Périgueux. On a vécu pendant 1 an dans l’ancienne maison des grands-parents de ma femme, et fait de leur garage nos bureaux. On a fait notre étude de marché, notre business plan, on a monté toute l’organisation autour de notre e-shop : CocoriCosmetic.
Tous les produits de notre site sont issus de l’artisanat français, et de petites boîtes. On a rejoint un incubateur et gagné le prix de la Créativité. On a rejoint l’accélérateur Beauty Hub de la Cosmetic Valley (5 places sur des centaines de candidatures) qui réunit tous les grands de la cosmétique (L’Oréal, Yves Rocher, Dior…).
On s’est vus comme le Cheval de Troyes : voir de l’intérieur comment ça se passe, en étant les trublions de ce marché traditionnel. On aimerait ouvrir une première boutique physique à Périgueux, et développer l’ouverture dans les petites villes françaises, avec cette offre produit qui est plus cool et qui coûte pas plus cher, voire même moins cher si tu prends en compte la durée de vie du produit ou les bénéfices sur ta peau…
On trouve du sens, le vrai sens d’un métier, d’une activité. On touche à énormément de choses. C’est hyper enrichissant. On ne se lance pas pour faire fortune, mais pour prêcher la bonne parole de toutes ces bonnes paroles qui existent. On se donne 1 an pour se payer, mais même si ça ne marche pas, on sera contents et fiers de l’avoir fait. »