
J’étais chez SAP depuis 7 ans. Tout était super : mon équipe, mon management, la flexibilité, mon salaire. Mais je perdais mon intérêt, je ne voyais pas mon impact. Je n'évoluais plus, parce que ça ne me correspondait pas.
Ça n’est pas évident de se dire qu’on n’est pas reconnu alors qu’on fait bien son job. Mais en réalité, c’est juste que quelque chose te retient. Et c’est un signe.
Je me suis dit : “je ne suis pas irremplaçable, je suis juste un pion. Je ne vois pas beaucoup mes enfants. Je suis stressée parce que je ne sais jamais où j’en suis, si ce que je fais c’est bien ou pas.”
Toujours être derrière un ordinateur, je n’en pouvais plus. On se fait formater sur le type de personne qu’on est, on essaye de rentrer dans des boîtes.
Même le cerveau cherche toujours à aller au plus facile ou à ce qu’il connaît déjà. Il faut sortir, se challenger sur ce qu’on pense. Et l’étape d’après, c’est de se forcer à penser autrement. Ma priorité, c’est moi et ma famille. Et pour que ta famille aille bien, il faut que toi tu ailles bien.
Avec une coach, j’ai fait plusieurs exercices. Par exemple, écrire ma vie idéale… 20 fois de suite : “Moi, Marie, j’ai mon propre business, je vois mes enfants autant que je le veux...”. A côté, je devais écrire toutes mes pensées.
Au fur et à mesure, je challengeais de plus en plus mes croyances. Tout ton subconscient ressort. Et à la fin, toutes les parties négatives, tu les passes en positif… et tu te les répètes. Tous les matins.
Lors d’un autre, j’ai visualisé ma journée idéale dans le moindre détail. Tu ressens tes émotions, et ça te fait un bien fou.
Et moi, je me voyais faire de la pâtisserie. Un jour, je venais de déposer les enfants. Et j’ai refusé d’ouvrir mon laptop. J’ai senti que ça bouillonnait en moi.
En allant me coucher, j’ai vu une image de madeleine sur fond noir, c’était très bizarre. J’ai alors imaginé la décorer comme un macaron. En plus, ça n’est pas connu à Londres, où je vis. La pâtisserie est un super souvenir pour moi.
J’ai toujours eu un lien avec la nature, mes grands-parents étaient agriculteurs. Tu prends du blé, du beurre, des œufs, et ça te fait des centaines de gâteaux différents... !
J’avais besoin d’un vrai coup de pied aux fesses pour agir. J’avais un dégoût pour mon job alors que j’étais bien payée, ce qui me donnait mauvaise conscience. Je voulais faire une rupture très nette pour me libérer l’esprit et me consacrer à ma passion. Mais financièrement, ça fait peur.
Le jour où j’ai démissionné, j’ai eu un haut le cœur. J’ai eu l'impression d'être en haut d’une falaise. J’ai failli vomir.
Mon manager m’a vraiment soutenue. Et aujourd’hui il me passe pleins de commandes ! Un conseil : parlez à votre manager. On les connaît sans les connaître... J’ai découvert le mien le jour où je lui ai parlé de mon projet.
En fait, lui aussi adorerait faire autre chose. Après mon départ, il a dit à l’équipe: “on gère des m*** tout le temps: donc je vous demande à tous d'avoir du courage… Comme Marie !”
Tu te plantes parfois, tu dépenses pour rien. Financièrement, tu te serres la ceinture. Mais tu apprends 10 fois plus. Tu as une telle liberté, tu prends toutes les décisions. Tu penses jour et nuit à ce que tu fais, t’essayes, tu changes...
Il y a un besoin d’adaptation qui est très fatiguant, mais nécessaire. Certains jours, tu te dis “j’arrête tout”. Et le lendemain, on te commande 20 boîtes de gâteaux !
Pour rien au monde je ne changerais. Tu es tout le temps en train d’inventer, de chercher. Je veux être un exemple pour mes enfants. Si quelque chose ne va pas, on a le pouvoir. On a toujours le choix.
Mon job ne me plaisait plus, il ne collait pas avec moi. Et si Madeleine and co ne marche pas, au moins, j’aurai essayé.